L’énergie renouvelable en France ou le patriotisme écologique

Le gouvernement français entame aujourd’hui (14 septembre) une révision de sa politique énergétique. Il s’agit du pays du monde qui dépend le plus de l’énergie nucléaire et son objectif est aujourd’hui de soutenir son secteur des énergies renouvelables qui demeure très modeste, afin de créer de l’emploi et de favoriser la croissance économique.

Des ministres, des ONG, des entreprises, des parlementaires et des consommateurs se réuniront lors d’une conférence de deux jours pour se mettre d’accord sur la conduite d’un débat national de six mois visant à repenser la manière dont l’énergie est produite, consommée et taxée en France.

Le nouveau gouvernement socialiste devrait annoncer des mesures immédiates visant à aider le secteur des énergies renouvelables touché par la crise, dans le cadre de sa lutte contre l’explosion du chômage. Ce secteur emploie actuellement 100 000 personnes.

« Il y a des entreprises qui sont en difficulté et on peut aujourd’hui sauver des emplois », a déclaré un fonctionnaire du ministère de l’énergie sous le couvert de l’anonymat. « Nous nous pencherons sur la notion de patriotisme écologique, qui vise à garantir que le soutien apporté au secteur aboutisse à la création d’emplois en France. »

Les organisations de défense du secteur français des énergies renouvelables estiment qu’il pourrait générer 225 000 emplois d’ici 2020 grâce à des investissements à hauteur de 80 milliards d’euros, à condition que les objectifs de production soient atteints.

En 2011, les énergies renouvelables ont rapporté à la France 10 milliards d’euros (12,89 milliards de dollars), une bagatelle par rapport aux 257 milliards de dollars de recettes dans le monde.

Cette conférence donne suite à une série de débats politiques menés en 2007 par l’ancien président, Nicolas Sarkozy. Cette initiative avait été qualifiée de « Grenelle de l’environnement » et a fixé des objectifs ambitieux visant à réduire les émissions de CO2 et à augmenter la part des énergies vertes dans le bouquet énergétique français.

Mais la crise économique, la bulle spéculative du secteur solaire qui a mené à la réduction des tarifs de rachat et la bureaucratie croissante dans le secteur de l’éolien ont ralenti la croissance des énergies renouvelables ces deux dernières années.

Des mesures importantes

L’énergie renouvelable représente 13 % du bouquet énergétique du pays, un pourcentage bien inférieur à l’objectif de 23 % fixé par M. Sarkozy pour 2020. L’énergie nucléaire représente encore 78 % du bouquet énergétique, contre 2 % pour l’énergie éolienne et moins de 0,5 % pour le solaire.

Alors que le président, François Hollande, s’est engagé à réduire la dépendance de la France vis-à-vis de l’énergie nucléaire à 50 % d’ici 2025, le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, estime quant à lui qu’il s’agit d’un « secteur prometteur ». Des prix de l’électricité peu élevés sont un élément essentiel de la stratégie française pour gagner en compétitivité.

Espoirs pour le solaire et l’éolien en mer

L’une des mesures clés qui pourraient être annoncées cette semaine porte sur un second appel d’offres pour la construction de parcs éoliens en mer, un secteur dans lequel la France est loin derrière certains de ses voisins comme la Grande-Bretagne, selon une source du secteur.

Nombreux sont ceux qui attendent également de voir si le gouvernement compte réviser les tarifs de rachat aujourd’hui en baisse dans le secteur solaire. Ces tarifs sont à la charge de l’entreprise publique EDF et des consommateurs. Ils servent à subventionner les sources d’énergie renouvelable.

Ce secteur en difficulté espère que le gouvernement acceptera de limiter cette baisse à 10 % par an et non par trimestre.

Autre question épineuse pour le secteur de l’éolien : le besoin urgent de réduire la paperasserie, qui a mené à la perte de 1000 emplois selon les acteurs du secteur. Le délai entre la soumission d’une demande de construction d’un parc éolien et sa mise en service pourrait s’étendre sur sept ans.

Le gouvernement pourrait aussi décider de taxer le kérosène sur les vols intérieurs, dans le but de générer des revenus et d’instaurer un système de taxe plus écologique, ont déclaré à Reuters des participants au débat.

EurActiv avec Reuters – Traduit de l’anglais par Coline Godard

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