La Commission européenne traîne des pieds en matière d’environnement

La Commission européenne ne travaille pas assez rapidement sur les politiques favorables à l’environnement dans les domaines de l’agriculture et de l’énergie, a déclaré un groupe de défenseurs de l’environnement aujourd’hui (3 juillet) lors d’une évaluation des performances de l’exécutif européen.

Dix organisations de défense de l’environnement ont déclaré que la Commission, sous la direction de José Manuel Barroso, s’était montrée trop frileuse dans les domaines de la conservation, de la réglementation des produits chimiques et de la pollution. Elle l’accuse également d’avoir fait marche arrière sous la pression des lobbies et des gouvernements nationaux.

« De manière générale, nous sommes très inquiets de voir la Commission mal placée dans la course à la création d’un meilleur environnement en Europe », a commenté Jorgo Riss de Greenpeace, l’une des dix organisations qui ont évalué la Commission à la moitié du second mandat de M. Barroso.

A titre d’exemple, le plan de l’exécutif européen pour la réforme de l’agriculture en 2014-2020 a obtenu des résultats particulièrement mauvais, selon cette évaluation intitulée « Off their game ».

« L’agriculture est le mécanisme le plus important pour la biodiversité et l’efficacité des ressources », a affirmé Tony Long du World Wildlife Fund (WWF), avant d’ajouter que les propositions de la Commission pour la prochaine politique agricole commune (PAC) n’étaient pas parvenues à établir un lien entre l’exploitation agricole, la gestion des sols et la protection de la biodiversité.

Selon ce rapport, la Commission n’a pas non plus réussi à renforcer le pilier du développement rural dans ses propositions qui sont à présent aux mains du Parlement et du Conseil, ce qui a « mis à mal l’un des points les plus utiles de la PAC ».

La PAC est le plus grand programme de l’UE et représente près de 40 % du budget total. Ce programme devrait coûter 58,7 milliards d’euros en 2012. Quelque 40 milliards d’euros seront directement alloués aux exploitations et 14,6 milliards d’euros seront mis de côté pour le développement rural.

M. Long, qui dirige le bureau politique européen du WWF, souhaite que les financements proposés par le commissaire à l’agriculture, Dacian Cioloş, pour le développement rural passent de 25 à 50 % du deuxième pilier de la PAC (le premier pilier allouer directement des fonds aux agriculteurs).

Il a exhorté la Commission à résister face à la volonté des ministres de l’agriculture et des eurodéputés de remplacer les normes environnementales obligatoires par un menu personnalisé dans lequel les agriculteurs pourraient faire leur choix pour réclamer des paiements verts.

Ce rapport pointe du doigt John Dalli, le commissaire à la santé et à la politique des consommateurs, pour son manque d’agressivité et de volonté s’agissant de limiter les quantités de pesticides et de produits chimiques perturbateurs du système endocrinien et pour avoir approuvé la pomme de terre génétiquement modifiée malgré l’opposition farouche des écologistes et des militants pour la santé publique.

De manière plus générale, ce rapport fustige la Commission pour ne pas avoir atteint d’objectif plus ambitieux en matière d’efficacité énergétique et accuse le commissaire à l’environnement, Janez Potočnik, de ne pas avoir été assez rapide lorsqu’il a demandé à la Commission de reconsidérer les politiques pour les biocarburants dans les transports par crainte que ceux-ci ne soient finalement pas sans danger pour l’environnement.

Un rapport superficiel

Un porte-parole de la Commission a toutefois qualifié ce rapport de « superficiel » et « contradictoire », pointant du doigt la suggestion d’intégrer une dimension environnementale dans les politiques de l’UE.

« C’est exactement ce que nous avons fait », a déclaré Joe Hennon, le porte-parole de M. Potočnik. « Nous nous concentrons sur les changements à moyen et long terme, ce qui ne se fait pas en un jour », a-t-il déclaré.

« Ils parlent de transformer nos sociétés et nos économies, c’est exactement ce que nous sommes en train de faire », a-t-il assuré avant d’ajouter que les critiques à l’égard de M. Potočnik et de sa gestion des biocarburants ne tenaient pas compte des efforts de son supérieur pour convaincre les commissaires à envisager l’impact plus large des carburants d’origine végétale.

M. Riss a déclaré que le rapport, illustré sur le thème du sport et des jeux Olympiques, ne visait pas de commissaires en particulier, mais jugeait les performances de l’ensemble de l’équipe de M. Barroso. Selon ce document, le travail de l’exécutif européen sur l’environnement est sur le déclin depuis que M. Barroso a pris la tête de la Commission en 2004, même si M. Riss a reconnu que le contexte économique actuel rendait la tâche plus ardue.

EurActiv.com — Traduit de l’anglais par Coline Godard

 

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